L’été dernier, Didier Drogba nous accueillait à Phoenix avec la plus grande affabilité pour le numéro de lancement de notre magazine. Si l’on s’était promis au moment des au revoir de garder contact et de collaborer de nouveau dans un futur rapproché, jamais on ne s’était imaginé revoir le mythique numéro 11 aussi tôt… et encore moins le voir participer à une rencontre dans notre cour arrière !
Élevé au rang de légende partout où il est passé, son invitation au Match des Légendes de l’Impact le 4 août dernier ne faisait guère de doute.
Puis, l’affiche s’annonçait prometteuse : Didier Drogba et plusieurs pionniers émérites de l’Impact de Montréal contre les superstars brésiliennes que sont toujours Cafu, Rivaldo et Gilberto Silva malgré leur quarantaine bien sonnée.
Bref, c’était l’occasion rêvée pour nous et pour tous les amateurs de soccer montréalais de renouer avec celui qui a fait vibrer le stade Saputo comme jamais il n’avait vibré auparavant.
« Revenir, ça me rappelle de bons souvenirs, nous confie Didier dans les vestiaires après le match. Ce stade, cette foule… Vraiment, moi, je n’ai que de bons souvenirs ici. »
Sur le coup, on lui demande s’il y a un moment en particulier qui surclasse les autres, un souvenir de son séjour de 18 mois avec le Bleu-blanc-noir qui reste profondément ancré dans sa mémoire…
Sa réponse est aussi naturelle que spontanée.
« Mon meilleur souvenir… Je pense que c’est le match de playoffs contre Toronto [en 2015], admet-il. Il y a ce doublé de Patrice et moi en première mi-temps… et le but de Nacho. Sinon, il y a aussi le match contre Washington DC… Je mets un coup-franc en pleine lucarne avant de faire un passement de jambes et d’en marquer un second », se remémore-t-il avec amusement.
On ne peut alors s’empêcher de lui rappeler ses débuts fracassants contre le Fire de Chicago. À sa première titularisation, l’Ivoirien avait trouvé le fond du filet à trois reprises dans un match qui restera dans les annales du sport montréalais…
« Il y a eu beaucoup de bons moments, consent Didier. Vraiment, il y en a eu pleins ! »
Force est d’admettre, toutefois, que Drogba aura fait le beau comme le mauvais temps à Montréal et que son mariage avec la métropole en aura été un pour le moins agité…
L’Éléphant n’avait d’ailleurs pas apprécié que Mauro Biello le cloue au banc pendant les séries éliminatoires de 2016 et Drogba avait quitté Montréal dans des circonstances plus ou moins tendues…
On était donc curieux de voir si les deux partenaires du jour allaient afficher une complicité exemplaire sur le terrain ou si l’attaquant vedette allait devoir miser sur ses autres coéquipiers pour gratifier la foule d’un autre but après une absence de plus de deux ans.
« Il gardait le ballon… Il gardait toujours le ballon ! nous lance Didier avec un grand sourire qui nous laisse comprendre qu’il plaisante. Je lui disais : “Oh! Lâche la chique Mauro ! Fais des passes, oh !” »
« Non, non. Blague à part, c’était très bien, s’empresse-t-il d’ajouter. On s’est bien amusé. Ce sont des évènements à refaire. Ça fait venir du monde et les gens sont contents. Non seulement il y a plusieurs stars qui y participent, il y a aussi des gars qui ont contribué à bâtir cette équipe, des gars qui étaient là au début et qui ont fait en sorte qu’il y ait un avenir pour des gens comme moi. C’est beau tout ça. C’est très beau. Moi, évidemment, je ne les connais pas tous, mais en les côtoyant, tu comprends un peu plus l’histoire du club. On voit qu’il y a des racines. Moi, je suis content d’être ici et de pouvoir en profiter. »
« Les choix de carrière sont des choix de vie. Il faut bien réfléchir aux décisions que l’on prend et quoi qu’il arrive, apprécier ce que l’on fait. » – Didier Drogba
Nouvelle vie, même éthique de travail
En terminant, on lui rappelle qu’il y a un an, lors de notre court séjour avec lui en Arizona, il nous avait insufflé l’importance du travail bien fait, le secret, avait-il dit, de tous ses succès sur le terrain.
Il nous confirme qu’aujourd’hui encore, c’est un principe qui continue de le guider, mais non sans difficulté…
« C’est plus difficile pour moi parce que c’est un domaine complètement différent, nous confie Drogba. J’ai maîtrisé tout ce que je faisais pendant 20 ans et là, maintenant, je dois apprendre de nouveau. En business, tu tombes des fois sur de vrais requins… des hommes d’affaires très très forts. Alors j’écoute attentivement et j’essaye d’apprendre le plus rapidement possible. »
Drogba a effectivement plusieurs défis qui l’attendent. Entre son nouveau rôle à Phoenix, sa possible présidence à la Fédération ivoirienne de football, sa fondation et tous ses autres projets personnels, on peut imaginer qu’on ne le reverra pas de sitôt. On s’est donc assuré de faire le plein de bons souvenirs avec DD avant sa prochaine visite à Montréal !
